Oubliez les voitures qui ronronnent dans les rues, votre téléphone qui sonne et vibre dans votre main et les musiques qui passent à la radio dans les bars et magasins. Oubliez les vêtements de sport, les jupes au-dessus du genou et les sneakers toutes neuves que tout le monde arbore.

Fermez les yeux un instant et laissez-vous emporter… Nous sommes au 19ème siècle.

Les femmes se promènent dans leurs longues robes qui bougent légèrement au gré du vent. Elles voguent dans les parcs, une ombrelle à la main, et profitent de l’ombre des galeries dont le bois joue à imiter la délicatesse de la dentelle. Lorsqu’elles rentrent chez elles, elles passent les dernières heures de l’après-midi à prendre le thé ou lire un livre dans leur balancelle, en se berçant doucement devant leurs majestueuses demeures.

Les enfants courent dans le jardin, vont parfois s’aventurer dans les rues grimpantes et la nature avoisinante, ou suivent leurs histoires imaginaires jusqu’à finir par gambader le long de la rivière. Les hommes, eux, ne sont jamais bien loin, une pipe à la main et un haut-de-forme vissé sur la tête, arborant un air sérieux derrière leurs moustaches soignées.

Nous sommes au 19ème siècle, à Karlovy Vary.

Ou en tout cas, c’est à cette époque-là que j’avais l’impression d’être quand je m’y baladais.

 

Karlovy Vary, c’est une ville tchèque dont j’avais beaucoup entendu parler pour une seule raison : le festival international du film, qu’elle abrite tous les ans en juillet et qui voit de nombreuses personnalités du cinéma fouler les rues de cette petite ville autrement peu connue. Je l’avais rajoutée sur mes endroits à voir en République tchèque parce qu’on m’avait vaguement dit qu’elle était également jolie. Vaguement.

Et puis un jour, au boulot, perdue dans mes envies voyageuses et mes rêves d’ailleurs, j’ai ouvert Google Images et y ai écrit Karlovy Vary. J’ai directement eu un coup de cœur pour les photos que j’y ai vues, et j’ai fini par m’évader pendant plusieurs dizaines de minutes au milieu de toutes les photos que je pouvais trouver.

C’était décidé : ma destination de novembre, ça allait être Karlovy Vary !

Et je ne me suis pas trompée. Karlovy Vary, ça a été un coup de cœur presque immédiat. Il m’a fallu seulement quelques minutes, le temps d’arriver dans l’une des rues qui bordent le centre, pour me rendre compte que je n’allais pas être déçue. Et il ne m’a fallu que quelques heures pour mettre Karlovy Vary au sommet de mon classement des villes les plus jolies de République tchèque en-dehors de Prague.

Karlovy Vary, pour l’amoureuse des jolis bâtiments que je suis, c’est un enchantement presque sans fin. Ce sont de hautes et grandes demeures à l’élégance rare, des constructions en bois aux fins détails, et des bâtisses colorées qui se perchent les unes au-dessus des autres sur les collines de la ville, creusées par le lit d’une petite rivière tranquille. Dans le centre-ville, l’architecture est encore figée dans le temps, et rares sont les bâtiments qui nous rappellent que nous sommes déjà au 21ème siècle.

Non, vraiment, qu’y a-t-il à ne pas aimer à Karlovy Vary ?

   

Mais outre son cadre enchanteur et son festival du film, Karlovy Vary abrite un élément naturel qui attire les foules depuis d’innombrables générations : des sources d’eau chaude.

Parce que Karlovy Vary, avant d’être quoique ce soit d’autre, c’est une ville thermale. De son sol surgit, comme par magie, une eau si chaude que, dans le froid de novembre, elle est constamment entourée d’un nuage de buée.

Ces sources d’eau chaude sont liées à l’origine-même de Karlovy Vary, car la ville ne se serait pas élevée sans elles. La légende raconte en effet que le roi Charles IV l’aurait découverte pendant une session de chasse dans les collines avoisinantes, au milieu du 14ème siècle. Certains disent que son chien aurait sauté par inadvertance dans une source chaude. D’autres, plus romantiques, racontent que le cerf qu’il chassait aurait fini sa course en se jetant du bord d’une falaise, de laquelle jaillit alors cette source chaude. Quoiqu’il en soit, ce plongeon aurait fait découvrir au roi l’existence de ces sources.

On raconte aussi qu’il aurait découvert leurs bienfaits en buvant une tasse remplie de cette eau, qui aurait rapidement soulagé les douleurs dont il souffrait. Il n’en fallait pas plus à Charles IV pour décider de bâtir une ville sur ces terres magiques. Son nom, Karlovy Vary (ou Carlsbad en français), peut se traduire par “les bains de Charles”.

Depuis leur découverte, les sources ont attiré de nombreux patients des régions et pays voisins, qui y venaient à l’origine pour y guérir un grand nombre de maladies. Aujourd’hui encore, la ville regroupe de nombreux thermes qui offrent des moments de bien-être mais aussi de vraies cures thérapeutiques, notamment pour traiter les maladies touchant les organes digestifs.

Et pour ceux qui n’ont pas le temps ou l’argent d’aller se tremper dans son eau, l’une des traditions est de la boire. Vous trouverez des robinets dans plusieurs endroits de la ville, desquels coule sans cesse une eau chaude arrivée directement depuis les sources, et qui finit sa course dans les tasses de tous les visiteurs. On dit que boire de cette eau est très bon pour la santé. Et si vous n’avez pas de tasse, pas de panique : vous trouverez, près de ces sources, des petites échoppes qui en vendent par dizaines !

En parlant des sources, il faut savoir qu’elles sont peut-être la seule chose qui a survécu depuis l’époque où Charles IV a découvert la région. En effet, la ville été détruite trois fois. Et, comme une battante, elle s’est relevée quatre fois. Les bâtiments que l’on y voit aujourd’hui datent donc de la fin du 19ème siècle, lors de sa dernière reconstruction. Le 19ème siècle, c’est aussi la période de gloire de Karlovy Vary, qui a hébergé les grands noms de l’aristocratie et de la société mondaine, ainsi qu’un grand nombre d’écrivains et de musiciens célèbres.

C’est à cette époque, notamment, qu’a été construit le célèbre Grandhotel Pupp. Mais aussi, plus surprenant, une église orthodoxe dont la construction a été commandée par les nombreux touristes russes et qui, pendant quelques instants, nous donne l’impression troublante d’avoir atterri en pleine Russie. Depuis quelques décennies, les Russes, d’ailleurs, ont pris d’assaut Karlovy Vary, autrefois principalement habitée par des Allemands. Ils ne se contentent en effet plus d’y passer des vacances, mais s’y installent pour y vivre.

Après tout, depuis sa création, Karlovy Vary n’a jamais été seulement tchèque. Elle a toujours attiré les curieux et les amoureux de bien-être, traversant les frontières pour profiter d’un court séjour dans cette ville qui, j’en ai bien l’impression, ne ressemble à aucune autre en République tchèque.

       

En un coup d’œil

Que faire à Karlovy Vary ?

  • Flâner dans le centre-ville, en s’assurant de passer par le parc Colonnade et la Colonnade du Moulin
  • Se balader au milieu des grandes demeures dans les hauteurs de la ville
  • Aller voir l’église orthodoxe des Saints-Pierre-et-Paul
  • Remplir une tasse de l’eau chaude de ses sources… et la boire.
  • Manger une gaufrette Kolonáda, une spécialité sucrée de la ville
  • Aller visiter le musée Becherovka, une liqueur tchèque originaire de Karlovy Vary (on ne l’a pas fait, mais il fallait quand même que je le note !)

Et si vous avez plus de temps ou avez envie de vous prélasser, pourquoi ne pas aller profiter de ses spas ? Nous n’en avons pas eu l’occasion, mais je le garde en tête pour une prochaine fois !

Combien de temps faut-il prévoir pour visiter Karlovy Vary ?

Nous n’y avons passé qu’une nuit, car c’est ce que la plupart des voyageurs recommandent, et une journée est effectivement suffisante si vous voulez seulement déambuler dans les rues de la ville. Prévoyez un peu plus si vous voulez aussi aller faire un tour dans ses spas ou vous promener dans les alentours.

 

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2 commentaires sur Karlovy Vary, le luxe des siècles passés

    • Ouiiii c’est super joli ! On peut toujours le mettre au programme pour votre prochaine visite (ou pour une autre fois encore) 🙂 !