Plus le temps passe et plus ça devient officiel, bien que c’est encore loin d’être tout à fait réel dans mon esprit : je déménage à Prague en janvier.

Pour tout vous dire, l’idée ne vient pas de moi, moi je comptais rester à Budapest encore au moins un an. Mais il m’était impossible de rester avec mon équipe chérie à Budapest, et à Prague se trouvait une opportunité que je ne pouvais finalement pas manquer. Sans rentrer davantage dans les détails ennuyeux du monde du travail, mon avenir professionnel proche se trouve donc dans la capitale tchèque.

Alors après avoir été chassée de mon appartement adoré au cœur de Budapest à la fin de mon contrat parce que j’étais dans l’impossibilité de le renouveler pour un an ou même 6 mois, j’ai dû trouver un autre appartement.

Et c’était pas de gaieté de cœur. Jusqu’alors, je vivais sur Liszt Ferenc Tér, une place allongée dans le centre du centre de Budapest, sur laquelle se trouvent une multitude de bars et de restaurants.

Longer les terrasses de restaurant en été et dire non aux serveuses et serveurs qui me proposaient de manger un bout dans leur resto était devenu mon quotidien depuis avril-mai et le retour du soleil. Entendre les voix venant de la rue depuis ma chambre était devenu une habitude. Vivre dans une rue où la vie se trouve, j’ai toujours adoré.

Mais aussi, avoir une vue sur la magnifique Académie de Musique depuis ma chambre et mon grand salon avec terrasse, ça n’avait fait qu’augmenter mon amour pour l’appartement.

Et puis chaque fois que je sortais manger un bout ou boire un coup avec mes potes, c’était toujours à grand maximum 15 minutes à pied de chez moi.

Bref, tout était parfait. Sauf ma colocataire, mais bon j’avais fini par en rire plus qu’autre chose.

Mais voilà, malgré les yeux de merlan frit que j’avais lancés à mon proprio à plusieurs reprises et ma proposition de payer plus qu’auparavant pour rester dans l’appart encore quelques mois, il n’avait pas lâché son envie de voir quelqu’un signer un contrat pour un an, me poussant par la même occasion à mettre tout mon monde hongrois dans des caisses et à donner mes clés à celui qui amenait ses cartons au moment même où j’emportais les miens – dans l’autre direction.

Et ben au final, ce fut tant pis pour lui… Et tant mieux pour moi.

J’avais donc besoin d’un nouvel appartement du 15 septembre au 31 décembre. Et comme je m’y prends toujours tard pour planifier des choses que je ne veux pas faire (comme trouver un autre appartement pour remplacer mon appartement chéri), le 9 septembre j’avais mes caisses mais aucun nouvel appart’ où les poser. Et pour ne pas simplifier les choses, je partais du 12 au 15 septembre en Grèce avec mes collègues/amis. Coucou.

A ce moment-là, ça faisait environ deux semaines que je cherchais un appartement deux chambres avec une collègue qui était dans le même cas que moi et, à seulement quelques jours du grand déménagement, le mieux qu’on avait trouvé c’était deux arnaqueurs nous faisant rêver pour quelques heures.

La lutte pour l’appartement

Après avoir envoyé des mails à de nombreux annonceurs et s’être essuyés plein de refus parce qu’on ne resterait pas assez longtemps, et après avoir été en contact avec ces deux arnaqueurs qui voulaient chacun qu’on leur envoie l’argent sans voir l’appartement et sans les rencontrer (“nous sommes malheureusement en visite à l’étranger jusque fin octobre” – ET MON CUL C’EST DU POULET?), on a finalement réussi à obtenir un rendez-vous pour une visite d’un appartement qui pouvait se louer à court terme.

Houra !

Sauf que. Quand on est arrivées pour la visite, on était loin d’être les seules. C’est donc avec environ 10 autres personnes qu’on a franchi les portes de ce petit appartement. Après 5 mètres, sans même avoir vu la salle de bain et sans être montée à l’étage pour voir la chambre en mezzanine, j’avais dit à ma pote : “je le veux”. Pas besoin d’en voir plus, c’était l’occasion en or.

C’est alors que la lutte commença. À notre avantage, la condition de la proprio de n’accepter comme locataires que ceux qui lui verseraient la caution avant de signer le contrat le lendemain (oui c’est moyen moyen et dans ces cas-là il faut toujours penser à l’arnaque, mais ici on était dans l’appartement avec la proprio donc j’avais jugé le risque assez faible). Contre nous, notre impossibilité d’y rester plus de 3 mois et demi.

Rapidement, presque toutes les personnes présentes se sont désistées. Ce que j’aurais fait aussi si je n’étais pas dans l’urgence, car l’appartement est petit, l’une des chambres se trouve en mezzanine au-dessus du salon, et payer avant de recevoir le contrat ça faisait quand même un petit peu peur. C’était donc pas la meilleure option si on restait plus longtemps, mais pour 3 mois c’était parfait pour nous.

Presque toutes les personnes étaient donc parties, sauf deux gars qui cherchaient un appartement où cohabiter. Eux contre nous, c’était pas gagné. De notre côté : le fait qu’on avait l’argent et qu’on était prêtes à payer directement. Contre nous : toujours cette stupide courte période. De leur côté : une plus longue période que nous. Contre eux : le fait qu’ils n’avaient pas l’argent en liquide à ce moment-là et que l’un d’eux devait d’abord téléphoner à ses parents pour leur demander leur avis.

À petits coups gentils et dispersés de “on a vraiment besoin de cet appartement” et à cause de l’incertitude de savoir s’ils le voulaient vraiment ou pas, ils ont finalement décidé de nous le laisser.

Gagné !

… Ou pas. C’est là que deux Japonaises se sont incrustées dans la fête. Arrivées en retard, elles sont passées à deux doigts de nous faire perdre l’appartement lentement gagné. Les avantages et désavantages étaient toujours les mêmes dans les deux camps, sauf qu’elles elles restaient pour un an, du coup la proprio était encore plus intéressée par elle que par les deux garçons.

C’est seulement lorsque la propriétaire semblait s’être mise d’accord avec elles pour les attendre à l’appartement le temps qu’elles aillent chercher de l’argent et téléphoner à leurs parents pour être sûres d’avoir leur accord que j’ai joué notre dernière carte : “Si on doit attendre encore 30 minutes pour savoir si on peut avoir l’appart’, on part maintenant.”

Et là, boum, le redoutable mécanisme de négociation de la dernière chance a eu son effet désiré : la propriétaire n’a pas hésité une seconde à décider que l’appartement serait à nous. Alléluia.

Pourquoi déménager dans un autre quartier de sa ville
est une bonne idée

Au final, bien que j’étais triste et amère de devoir quitter mon premier appartement, je me suis rendue compte à quel point c’est génial d’habiter dans un autre quartier d’une ville dans laquelle on habite depuis au moins plusieurs mois.

Car y’a pas à dire, même en se promenant dans la ville et en voulant en connaître tous ses recoins, on retombe toujours sur les endroits qu’on connait et qu’on aime. Et ceux-ci sont aussi souvent ceux qui sont proches de notre appartement. Rien qu’au quotidien, en allant au supermarché ou en revenant chez soi depuis la station de métro la plus proche, notre connaissance de la ville est largement basée sur l’endroit où on y vit. Vivre dans un autre quartier nous permet donc d’avoir d’autres habitudes et de découvrir d’autres endroits où aimer se promener ou passer du temps.

Et il faut dire que je suis pas mal tombée non plus.

J’ai toujours aimé habiter dans le centre des villes, là où se passe l’action, là où les gens se promènent, là où en partant de chez soi on est déjà prêt de tout. À Salamanca, j’habitais Rua Mayor. À Leuven, à deux pas de la Grote Markt. À Barcelona, à 15 minutes à pied de la Plaza Catalunya et de l’Arc de Triomf. Et à Budapest, à 2 minutes à pied d’Oktogon. Je ne sais pas si tout ça vous parle, mais en gros : le centre-ville n’a jamais été loin de ma maison.

Pour mon appartement actuel, j’avais pas été trop regardante sur le lieu, bien que j’avais dit non à tout appartement qui se trouvait trop en dehors du centre (oui quand même, faut pas pousser). Et au final, c’est un appartement à deux blocs de maisons du fameux Parlement de Budapest qu’on a trouvé. Un quartier plus calme que le précédent, certes, mais plutôt chic et surtout très joli.

C’est bien simple : la station de métro la plus proche se trouve sur la place du Parlement, et quand je rentre en métro le soir et que je décide de prendre cette ligne-là, une fois en dehors de la station c’est lui que je vois, dans toute sa splendeur, magnifiquement éclairé. Que demander de plus ?

Les oiseaux dorés du Parlement

Et bien je ne demandais rien de plus mais je l’ai quand même obtenu. Un soir en rentrant d’un bar, je me suis retrouvée face à un spectacle étonnant dont je n’avais aucune idée : celui des oiseaux éclairés par les lumières dorées du Parlement, qui volent autour de lui comme des lucioles dans la nuit.

J’ai assisté à ce spectacle quelques fois seulement et puis à mon grand désespoir je n’y ai plus eu droit durant quelques temps. Je pense que quand il fait trop froid, les oiseaux s’en vont. Mais si un jour vous avez l’occasion d’aller voir le Parlement à la nuit tombée un soir d’été, n’hésitez pas.

En attendant, je vous ai fait ici rapidement une petite vidéo. Ce n’est pas aussi magique qu’en réalité, premièrement parce que c’est qualité vidéo (vite faite, qui plus est) mais aussi et surtout parce que le soir où j’ai pu les filmer, il y avait au moins trois fois moins d’oiseaux que d’habitude. Mais c’est mieux que rien et j’avais pas envie d’attendre les prochaines soirées chaudes pour vous le montrer en film, parce qu’ici il commence à faire sérieusement froid et que je ne crois pas que la chaleur reviendra avant le printemps prochain.

… Parce que oui, l’automne est définitivement là, et dans ses pas c’est l’hiver qui le suit. Et moi je reste avec ce sentiment parfois trop difficilement supportable que l’été est passé encore plus vite que d’habitude, et quand j’essaie de comprendre pourquoi, le calcul est vite fait : en travaillant pendant les 3 mois d’été pour la première fois cette année, ça me laisse que 2 jours par semaine pour en profiter pleinement au lieu des … 7 jours que j’avais jusqu’à l’année passée.

Mais fini de déprimer, un jour j’habiterai dans un endroit chaud et, bien que l’été restera toujours ma saison préférée, je pourrai vivre l’automne et l’hiver sans trop ressentir la nostalgie de ces trois mois magiques que sont juin, juillet et août.

Comments are closed.