“Kutna quoi ? Des crânes ? Comment ça des crânes ?”… Voilà ce qu’a dû être ma réaction quand on m’a parlé de Kutná Hora pour la première fois.

À seulement une heure en train depuis Prague, Kutná Hora est l’une des destinations d’une journée les plus proches de la capitale, et aussi l’une desquelles on entend le plus parler parmi les expats et les habitants de Prague.

Pourquoi donc ?

Il est vrai que la ville, qui est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1995, a un passé glorieux. Kutná Hora s’est enrichie il y a des siècles en extrayant de l’argent de ses sols. C’est aussi là, logiquement, qu’ont été créées les premières pièces de monnaie du pays, entre la fin du 13ème siècle et le début du 14ème siècle. Elle est alors devenue la capitale financière de la Bohême et l’une des villes les plus riches du pays et n’avait, parait-il, rien à envier à Prague… Jusqu’à ce que ses mines se vident et qu’elle perde petit à petit sa richesse et son influence.

Mais aujourd’hui, ce n’est pas son passé faste qui fait le plus parler les gens.

Non. C’est son ossuaire. J’ai entendu parler dix fois de son église faite d’ossements humains avant d’accepter d’y aller. Entre nous, les crânes c’est loin d’être mon truc et l’idée d’être entourée par des centaines dans une petite église ça m’enchantait moyen. Mais le plan c’était d’y aller entre amies pour une après-midi, alors j’ai accepté.

Après tout, je ne pouvais quand même pas vivre à Prague sans aller voir cette ville et son église.

Nous y avons donc été un week-end de novembre, après un brunch bien sympathique suivi d’un petit run à la gare pour être sûres de ne pas rater le train.

Une fois à Kutná Hora, la première chose à faire était d’aller voir ce fameux ossuaire, à mi-chemin entre la gare et le centre-ville. Et là, petite surprise à l’arrivée : non, ce n’est pas une église entièrement construite d’os comme les commentaires que j’avais entendus me l’avaient fait croire. L’ossuaire se trouve en fait au sous-sol d’une église. L’extérieur est donc logiquement pareil à une église normale (ou presque) et ce n’est qu’en passant le pas de la porte qu’on peut voir tous les ossements.

J’avoue, j’ai été impressionnée. C’est en descendant les marches pour s’enfoncer dans cette petite église, au milieu des crânes et autres ossements, qu’on mesure l’ampleur de la chose. La salle est petite mais le travail des os est grand. Accroché au plafond au milieu de la pièce se trouve un imposant lustre. Sur le côté, un grand blason fait d’os humains ferait presque froid dans le dos s’il n’était pas aussi bien fait. Bien que d’un goût trop douteux pour moi, il faut bien admettre qu’on trouve dans cette église quelques œuvres d’art, et je ne veux imaginer le temps que ses concepteurs ont pris pour choisir les bons os à chaque étape de leur création, ni les heures de travail qu’ils y ont dédié.

 

Après avoir vu l’attraction n°1 de la journée, nous avons continué notre chemin vers le centre-ville.

Le centre de Kutná Hora est petit et son attraction touristique la plus importante est son énorme cathédrale battue par les vents avec vue sur la vallée. C’était en hiver et autant vous dire que sur les hauteurs à découvert, il faisait bien froid.

Malgré son passé somptueux, Kutná Hora est aujourd’hui une ville tranquille. Ce jour-là, un petit marché était dressé sur l’une des places principales et le stand de chocolat chaud a très vite attiré mes potes. Nous avons flâné dans les rues, fait une pause pour nous réchauffer dans un magasin de cupcakes aux murs roses qui avait en tout et pour tout 20 cupcakes et que nous avons dégustés à hauteur de deux chacune. Nous avons ensuite ri devant un magasin de vêtements qui, comme on en croise parfois ici, donnait l’impression de ne pas avoir changé sa vitrine depuis 40 ans, et nous sommes rentrées chez un chocolatier en suivant l’odeur pour finir par écouter la gérante nous expliquer toute la gloire de son chocolat. Ca fait beaucoup de sucre tout ça mais c’est ce dont on a besoin pour survivre au froid, non ?

Et puis, après quelques petites heures passées à se promener dans les rues de la ville, nous avons décidé qu’il commençait à faire vraiment trop froid et qu’il était temps de reprendre le chemin vers la gare, sous le soleil qui menaçait déjà de tomber.

Comme beaucoup de villes en République tchèque, Kutná Hora est une petite ville que l’on visite aisément en une journée. Ici, il faut savoir apprécier le charme des petites villes. Pas de carte à déplier et replier sans cesse pour retrouver nos pas au milieu d’une jungle de rues, pas d’avenue commerçante aux magasins alléchants, pas non plus de “Wow” répétitifs devant de majestueux bâtiments. En toute honnêteté, Kutná Hora n’est à mon sens pas la plus belle ville du pays ni un incontournable touristique (sauf si vous aimez les crânes et autres os humains, évidemment), mais c’est une petite ville authentique et mignonne qui offre la possibilité d’une promenade tranquille avant de retourner dans l’agitation de Prague.

L’ossuaire, appelé ossuaire de Sedlec, se trouve dans l’église de Kostnice. L’entrée est payant et un ticket adulte coûte 90 CZK. Pour plus d’infos sur les horaires et les tarifs, cliquez ici.

4 commentaires sur Kutná Hora et ses ossements humains

  1. J’ai beaucoup aimé, à l’époque où je l’ai vu, le plafond de la grande cathédrale battue par les vents.

    • Ah ben c’est drôle que tu y aies été, c’est une ville assez peu connue quand on ne vit pas en République tchèque. Je n’en avais jamais entendu parler avant d’arriver à Prague :). C’est vrai que le plafond est joli. Malheureusement je n’ai pu prendre aucune photo car l’entrée était payante et on a décidé de ne pas faire la visite… On a donc seulement fait deux pas dans la cathédrale et on l’a regardée depuis le guichet !

  2. Merci pour cette découverte, c’est le genre de billet que j’adore parce qu’il me fait voyager depuis mon fauteuil. Et cette église pleine d’ossements est vraiment incroyable !

    • Merci beaucoup pour ton commentaire, ça me fait plaisir d’avoir pu te faire voyager un peu :). C’est toujours mon but quand j’écris des articles de ce style, encore plus quand c’est sur des villes sur lesquelles on n’écrit pas beaucoup, comme Kutná Hora ! Bisous