Ça y est, je pars. Définitivement. Je déménage.

Comme tous ceux qui ont fini leurs études et commencent à travailler, c’est à mon tour de commencer ma nouvelle vie. Sauf que la mienne a lieu ailleurs, avec d’autres frontières à l’horizon, et plus j’avance plus je m’aperçois que c’est fort peu commun.

Je pars et je ne dis pas que je ne reviendrai jamais, mais c’est juste parce que j’ai appris qu’il ne faut jamais dire jamais. Revenir n’est pour l’instant pas dans mes plans. Ni dans mes plans de 2015 ni dans ceux de 2025, j’entends.

J’aime la Belgique, du fond du cœur et pour toujours. Mais comme ce vieux couple, c’est un amour rempli de tendresse mais qui ne me fait plus rêver. J’aime tout ce qu’elle et moi on a construit ensemble, j’aime la façon dont elle m’a fait grandir. J’ai même parfois peur de la quitter, mais il le faut. Je n’ai plus cette envie irrémédiable de rester auprès d’elle pour toujours. À la place, j’ai une envie insoutenable de partir découvrir la vie en dehors de ces frontières qui m’ont si souvent rassurée.

J’ai une petite appréhension quand je pense à la quitter pour toujours, oui. Mais elle m’oppresse.

Il m’arrive encore souvent de me sentir bien avec elle, ma petite Belgique. Mais pas tout le temps. Elle a ce don incroyable de me faire me sentir plus seule auprès d’elle qu’à des milliers de kilomètres, là où je ne connais personne et n’ai aucun repère. Et puis elle est et restera toujours enrobée de mon passé éblouissant qui ne me rattrape jamais mieux que quand je suis en Belgique. Et cette ambiance m’empêche d’avancer.

Alors je pars. Pour respirer. Pour donner une chance à mon rêve d’ailleurs d’exister. Pour me sentir moins seule. Pour découvrir. Pour offrir tout ce que je peux à ma curiosité. Pour être sûre de n’avoir aucun regret plus tard. Pour ne pas laisser un rêve d’avenir se fondre dans la peur de l’inconnu. Ou dans les mots et les regards des gens qui ne comprennent pas. Pour rencontrer un autre bonheur. Pour écrire un nouveau chapitre. Et même un peu pour pouvoir dire “Je vous l’avais dit”. Pour tout ça, je pars. Pas en vacances, pas pour quelques mois, pas pour un an. Je pars pour une période indéterminée. Qui est dans ma tête aussi longue que l’infini.

Je pars. Je sais je le répète mais je me sens forcée. Ça fait deux ans que j’en parle et pourtant presque personne ne me croit. Deux ans à dire à tous ceux qui me le demandent que non, je n’irai pas vivre à Bruxelles ni n’importe où en Belgique et pourtant aujourd’hui nombreux sont ceux qui sont étonnés de me voir partir vivre ailleurs pour toujours. Deux ans que je passe mon temps à dire qu’une fois diplômée je quitterai la Belgique et pourtant tout le monde me demande quand je reviendrai vivre ici.

“Je ne reviendrai pas. C’est pas dans mes plans.”

Et ils tombent des nues. Jamais ? Si, bien sûr. Je reviendrai pour un week-end par-ci par-là. Peut-être parfois plus longtemps, une semaine. Mais ce n’est pas ce qu’on entend quand on parle de revenir, n’est-ce pas ?

“Je suis Belge” est une phrase que je continuerai à dire toute ma vie. Je ne serai jamais autre que Belge. Même si un jour je me fais adopter par un deuxième pays. Mais aujourd’hui je vis peut-être les dernières heures de ma vie pendant lesquelles je peux encore dire “Je vis en Belgique”.

Demain matin je m’envole pour Budapest.

Et je suis entre deux sentiments : l’excitation de voir enfin mon envie de partir se réaliser et la peur de tout quitter et de me retrouver loin de ceux qui comptent plus que tout. L’excitation et la peur. C’est déjà ces deux-là qui m’avaient empêchée de dormir il y a quelques semaines quand j’avais appris que j’avais décroché un travail à Budapest. La nuit dernière c’est encore eux deux qui ont fait battre mon cœur plus fort, me poussant à me retourner toutes les dix minutes dans mon lit pour trouver le sommeil et me noyant dans une insomnie entrecoupée de rêves étranges.

Oui, il y a un côté effrayant et il m’est arrivé plusieurs fois au cours de ces dernières semaines de me retourner dans mon lit la nuit. Mais ce qui m’effraie ce n’est pas de partir. Je l’ai déjà fait plusieurs fois et ça ne m’a jamais fait peur. Ce qui m’effraie, c’est de partir indéfiniment. C’est que cette fois-ci je n’ai pas de date de retour. C’est que ma maison en Belgique sera toujours ma maison mais qu’elle ne le sera plus non plus.

La partie la plus difficile, c’est celle-là. De devoir quitter ma famille et ma maison, que j’ai toujours eu du mal à quitter, et les quitter pour de bon. Il y a quelques années je pensais qu’un jour je serais prête naturellement à quitter mon chez-moi. Ça n’a pas été le cas, ça n’est pas venu naturellement et ça sera bel et bien une petite déchirure que je devrai supporter pour vivre l’incroyable expérience qui m’attend.

On dit que c’est en dehors de notre zone de confort que la magie se produit. Et je refuse d’être celle qui aura fait des plans toute sa vie sans jamais les concrétiser. Alors aujourd’hui je saute en dehors de ma bulle, et je m’en vais découvrir le monde.

Ou en tout cas les pays de l’Europe de l’est.

4 commentaires sur Quand la soif de découvertes fait face à la peur de l’inconnu

  1. Je comprends tout à fait ce que tu ressens et tu as bien raison de ne pas dire “jamais” 🙂 Une aventure, un lieu correspond à notre mood à un certain moment, alors on part, et c’est souvent pour mieux revenir aux sources un peu (ou beaucoup) plus tard. Bon voyage !

    • Merci pour ton commentaire :). J’ai vu que tu faisais le tour du monde du coup j’ai mis ton blog dans mes favoris pour le lire dès que j’aurai le temps ! J’espère pouvoir faire la même chose un jour :). Pour l’instant je n’ai vraiment pas l’intention de revenir en Belgique, c’est plutôt en Espagne que je veux m’installer pour de bon quand j’aurai assez voyagé. Mais bon, ne jamais dire jamais ahah 🙂

    • C’est la première fois que j’y viens mais j’ai eu des super bons échos de la part de tous mes amis qui y ont déjà été ! Et du peu que j’en ai vu pour l’instant ça a l’air d’être une très jolie ville :).