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Voilà. On est lundi et aujourd’hui je ne vais pas travailler. Plus besoin de mettre un réveil et de prendre 30 minutes à chercher au fond de ma couette le courage de sortir de mon lit. J’ai fini mon stage vendredi et je peux enfin profiter de Barcelone tranquillement, sans horaire ni obligation.

J’ai fait 3 mois de stage, 3 mois qui auraient pu sonner comme une éternité si j’étais tombée dans une entreprise exécrable mais ça n’a pas été le cas. Ces 3 mois-ci sont passés super vite.

J’ai travaillé dans une petite entreprise. En tout, une vingtaine de personnes dont 15 stagiaires venus de France, d’Italie, de Hollande, de Belgique, de Lituanie et d’autres pays encore pour profiter de la vie à Barcelone. Pendant mes 3 mois, j’ai touché à peu près à tout dans l’entreprise (dont les tâches inutiles ou inintéressantes que je n’ai pas pu éviter). Ce que j’ai le plus aimé, ceci dit, c’était mes collègues. Je me suis fait des amis parmi les stagiaires et tous ensemble on a souvent ri pendant nos heures de boulot. Sur le temps de midi, on se transformait le temps d’une heure de pause en habitués de la terrasse d’un café à deux pas du bureau. Et ces moments en dehors des 4 murs étaient une belle façon de couper la journée de travail en deux.

Les quelques salariés de l’entreprise n’étaient pas dans le même délire que nous mais ils étaient très sympas et j’ai ri plusieurs fois avec certains d’entre eux. L’ambiance au travail est quelque chose de super important pour moi. J’ai appris il y a deux ans déjà, en mettant un pied dans les bureaux de RTL, que travailler avec des personnes désagréables ou carrément hypocrites nuit profondément à ma santé. Le job parfait ne sera réellement le job de mes rêves que si je travaille avec des personnes avec qui je me sens bien et avec qui il est possible de rire pendant quelques minutes entre deux moments de concentration.

Service clientèle : un petit best-of pour la fin

La boite dans laquelle j’ai travaillé était une entreprise de location d’appartements, la plupart pour des touristes. J’ai beaucoup travaillé dans le service clientèle, principalement pour aider les gens à trouver un logement. Dans toutes mes interactions avec les clients, j’ai voyagé du rire à la colère, en passant par l’étonnement et l’agacement. Et comme c’était peut-être la seule expérience de ce style dans ma vie, j’ai repris pour vous un best-of des clients.

D’abord, il y a les grandes généralités qui reviennent fréquemment :

  • Les bavards qui racontent leur vie juste pour demander s’il est possible de louer un appartement. Les raisons qui les poussent à venir à Barcelone, leur programme sur place, le nom et le poids de leur chien qui sera du voyage… J’ai eu de tout.
  • Les suspicieux qui nous envoient un mail pour nous demander si notre agence est fiable. Comme s’il y avait même 1% de chance qu’on réponde “Non monsieur, pas du tout mais on fait semblant”.
  • Les paresseux (ou idiots, selon les cas), qui t’envoient plein de mails pour savoir si tel appartement est encore disponible et à quel prix alors que toutes les informations sont clairement indiquées sur le site internet.
  • Les idiots plutôt radins qui demandent un appartement pour 6 dans le centre de Barcelone avec terrasse pendant deux semaines en août pour moins de 100€ par personne. Et puis il y a les radins plutôt idiots qui décident de nous engueuler parce que le prix est trop élevé pour eux.
  • Les persévérants qui cherchent quelque chose qu’on n’a pas mais qui continuent à nous envoyer des mails pour qu’on trouve ce qu’ils veulent. Comme si tout d’un coup au bout de la 15ème recherche l’appartement qu’ils cherchent allait surgir des méandres d’internet.

Ensuite, il y a ces clients qu’on retient pour une raison ou une autre…

Il y a eu cet Italien que j’ai eu au téléphone. Après avoir décroché, il me demande si je parle italien. Ma réponse négative ne l’a pas empêché de continuer la discussion dans ce même italien que je ne parle pas. Une discussion qui fut donc remplie de “donc si j’ai bien compris vous me demandez si …”.

Il y a eu ce Suisse francophone, qui ne parlait pas non plus un mot d’espagnol ou d’anglais. Il avait loué un appartement avec notre agence et le jour du check-in, j’ai servi de traductrice entre ma collègue et lui. Un peu plus tard, il m’invitait à sortir avec lui et ses amis pour son anniversaire le soir même. (Mais non je n’y ai pas été, je repartais justement un week-end en Belgique de toute façon).

Il y a aussi eu ce jeune Réunionnais qui avait loué un appartement avec notre agence pour venir vivre 3 mois à Barcelone, et qui m’a appelée plusieurs fois parce qu’il avait des doutes ou des questions. Au final, on passait toujours 10 minutes au téléphone pendant lesquelles il me racontait sa vie. Tope-là mon pote.

Mais la meilleure de toutes, je pense que c’est cette femme qui a un jour téléphoné à l’agence en parlant une langue que je ne comprenais pas. Malgré lui avoir demandé dans toutes les langues que je connais si elle pouvait me parler en espagnol, anglais, français ou même peut-être néerlandais (tentons le tout pour le tout), elle s’entêtait à parler dans sa langue inconnue et à répéter la même phrase, chaque fois de plus en plus lentement et en articulant de mieux en mieux. Sans comprendre que peu importe la façon dont elle parlait, je ne connaissais définitivement pas sa langue et l’illumination ne viendrait pas tout d’un coup. Ça a duré 10 minutes, 10 longues minutes de discussion de sourd à la mode internationale en attendant qu’elle raccroche en premier. (Ce qu’elle a fait, avant de rappeler deux minutes plus tard, de retomber sur moi et d’être de nouveau confrontée au même problème).

Et enfin, le prix de ceux qui m’ont vraiment donné du rêve et des frissons revient à ce couple d’Anglais d’une trentaine d’années qui cherchait un appartement sur Barcelone à partir du mois suivant pour une période indéterminée parce qu’ils avaient décidé de tout lâcher en Angleterre et de venir monter leur entreprise ici, avec leurs deux enfants. Chapeau bas et admiration.

“Danse, t’inquiètes pas tu vas danser”

Avec les stagiaires, vu qu’on était à peu près tous dans ce même bateau, celui qui nous a amenés à Barcelone sans connaître personne, on a forcément tissé des liens et on se voit fréquemment en dehors du bureau.

C’est comme ça que mercredi passé, on a été ensemble voir Stromae qui se produisait en concert gratuit à Barcelone pour l’ouverture d’un grand festival d’ici, le Primavera Sound Festival. Bon, quand je dis “on”, je devrais plutôt dire “les plus téméraires d’entre nous”.

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Stromae jouait à 20h. Et ce jour-là, c’était la tempête. Une pluie battante à n’en plus finir et un vent qui l’empêche de tomber verticalement. Un cocktail explosif qui en a découragé plus d’un. Quelques heures avant le concert, on se demandait même tous s’il n’allait pas être annulé. Finalement, un peu plus d’une heure avant le début du concert, la pluie s’est arrêtée. Mais c’était juste beaucoup d’espoir réuni en une courte durée !

Avec une autre stagiaire et une de ses potes, nous avons été en éclaireurs à l’endroit du spectacle, en disant aux autres de nous rejoindre après. A peine entrées dans l’espace en plein air où avait lieu le concert, la tempête a repris. Alors qu’on se dirigeait courageusement vers la scène, une foule de gens a commencé à crier et à courir dans le sens inverse à notre marche. Il m’a fallu quelques secondes quand même pour comprendre que c’était seulement à cause de la pluie. Mais quelle pluie ! Le parapluie n’a pas servi à grand-chose, en 30 secondes on était plus trempées que si on avait pris une douche. On avait l’air malignes, blotties à trois en-dessous d’un parapluie minuscule en tentant péniblement de sauver les quelques centimètres de vêtements secs qu’ils nous restaient… Le tout pendant 45 minutes. Mes pieds trempaient dans une piscine de milliers de grosses gouttes de pluie qui avaient trouvé le chemin pour rentrer dans mes chaussures mais qui visiblement ne voulaient pas en ressortir.

Et puis, juste avant le concert, la pluie s’est arrêtée. Et à la première note, j’ai directement compris que j’avais eu raison de me faire tremper jusqu’aux os. Le concert fut court, 30 minutes à peu près, mais c’était grandiose. Stromae mérite sans aucun doute ces sacrifices pluvieux.

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Alors voilà, il me reste peu de temps à vivre avec eux ici et ça sent inexorablement la fin. Je ne vais plus voir mes stagiaires chéris au boulot mais je compte encore les voir un grand nombre de fois avant de leur dire au revoir.

Mon stage était la raison que j’avais utilisée pour venir à Barcelone. Et maintenant qu’il est fini, je me retrouve avec 100 nouvelles raisons de rester ici.

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