Il était une fois un petit village qui s’était confortablement lové au creux de la boucle d’une rivière. Une rivière qui serpentait tranquillement dans une vallée verdoyante, croisant ici et là des villes à taille humaine et leurs habitants.

Il était une fois parce que, fondé au 13ème siècle, Český Krumlov (à prononcer “Tchèsky Kroumlov”) est un village qui donne envie de raconter des histoires. Avec ses maisons colorées regroupées sur un petit morceau de terre entouré par la Vltava (cette même rivière qui traverse Prague) et surplombé d’une église, avec son château qui semble les protéger depuis l’autre côté de l’eau et avec la nature, dressée aux alentours, qui offre les rondeurs des collines comme toile de fond, Český Krumlov est le décor parfait d’un conte de fées, de princes et de princesses. Et je suis d’ailleurs sûre que de nombreuses histoires s’y sont déroulées.

La première fois que j’ai entendu parler de Český Krumlov, c’était quelques jours après avoir posé mes valises à Prague, dans laquelle j’allais vivre pendant plusieurs années. C’était ma première fois en République tchèque et, planifiant déjà de futurs voyages pour connaître mon nouveau pays d’accueil, j’avais demandé à mes collègues ce que je pouvais y voir. Český Krumlov avait été la première à sortir de leur bouche.

J’allais plus tard me rendre compte que c’est la ville la plus conseillée quand on vit à Prague et que, même, personne ne reste bien longtemps à Prague sans entendre parler de Český Krumlov. Selon beaucoup, c’est, en-dehors de la capitale tchèque, la plus belle ville du pays.

Et je dois dire que, bien que j’aie aussi un gros faible pour Karlovy Vary, Český Krumlov, qui abrite à peu près 13.000 habitants seulement, est sans conteste l’un des plus jolis endroits qu’il m’ait été donné de voir en République tchèque.

En plus d’être extrêmement photogénique, la ville multiplie les magnifiques points du vue sur ses toits rouges et pointus, qui contrastent joliment avec les différentes teintes de vert des collines environnantes. Déjà avant d’y entrer, nous voyons ses formes et ses couleurs percer derrière les branches des arbres. Il n’en faut pas plus pour me rendre heureuse quand je voyage, mais ne croyez toutefois pas que je vais m’arrêter là.

Après avoir parqué notre voiture sur un vaste et vide parking loin de l’agitation des petites rues de la ville, nous nous enfonçons dans les quelques ruelles pavées qui forment son centre historique. Ici, comme dans le reste du pays, les briques sont rarement apparentes. Les murs, recouverts de crépi, sont peints en couleur(s) et souvent décorés de jolis dessins et autres illustrations.

Grâce à son histoire, sa position géographique et son fleuve qui permet de facilement communiquer avec les différentes régions voisines, les rues de Český Krumlov sont remplies d’influences architecturales de nombreuses parties d’Europe, particulièrement d’Autriche, d’Allemagne et d’Italie. La plupart des bâtiments qu’abrite aujourd’hui son centre historique ont été construits entre le 14ème et le 17ème siècles et sont un joli mélange de styles gothique, baroque et renaissance.

Le centre-ville est piéton et, quelques centaines de mètres seulement après y être entrés, nous arrivons sur la place centrale du village. C’est jour de marché, les charmantes façades de la place sont donc cachées derrière les étals des marchands et les nombreux acheteurs, et nous ne nous y attardons pas davantage.

L’estomac bien rempli après avoir mangé dans un petit restaurant au bord de l’eau, nous décidons rapidement de traverser le pont en direction du château.

Je savais déjà que, quelque part de ce côté-là de la rivière, se trouvait une très jolie vue que j’avais déjà vu plusieurs fois en photo et que j’étais impatiente de voir de mes propres yeux. Mais ce qui m’émerveille d’abord en arrivant au château, c’est la belle tour multicolore qui se trouve à son entrée.

Le château peut se visiter mais nos heures dans la ville sont comptées et on décide donc de faire l’impasse. Par contre, je ne résiste pas à l’envie de monter au sommet de la tour. Et je fais bien de laisser l’envie guider mes pas : la vue sur le village et la vallée est sublime.

Ce n’est pas la jolie vue dont j’avais entendu parler, mais je suis déjà conquise.

En redescendant de la tour, nous faisons le tour de la place sur laquelle elle se dresse et traversons les quelques cours intérieures du château jusqu’à atteindre son autre côté.

Le château est aussi vieux que le village sur lequel il semble garder un œil paisible, bien qu’il a été agrandi et modifié dans les siècles qui ont suivi sa construction. De loin comme de près, il parait imposant et ce n’est peut-être pas pour rien : c’est le deuxième plus grand ensemble castral de République tchèque, après son indétrônable capitale.

Il est constitué, en fait, d’une suite de bâtiments qui s’articulent autour de cours intérieures. Et, si les murs du château qui donnent sur le village sont froids et gris, il n’en est rien des murs qui entourent ses cours, qui sont tous ornés de dessins.

En plus de ses grands et imposants bâtiments, construits sur un promontoire rocheux dont les pieds plongent dans la rivière, le château dispose d’un grand parc tranquille qui accueille même un théâtre.

Des nombreuses fenêtres qui percent ses murs, le château doit offrir à ses habitants et ses visiteurs des vues magnifiques et imprenables sur le petit village de Český Krumlov et ceux des alentours. Mais il offre aussi d’incroyables vues à ceux qui décident simplement de se promener le long de ses murs, notamment depuis le stupéfiant pont en forme de viaduc qui, enjambant un creux dans la roche, relie les deux moitiés du château entre elles.

D’incroyables vues, dont celle que j’avais admirée de nombreuses fois en photo auparavant et qui, sans aucun doute, fait la fierté et la célébrité de la ville. Situé au bord d’une falaise, sur le rocher qui accueille le château, le point de vue est bourré de monde et je dois prendre mon mal en patience pour, petit à petit, au rythme des photos qui se prennent et des photographes qui décident qu’ils en ont assez prises, me frayer un chemin vers la célèbre vue qu’il offre. Les photos ne sont pas trompeuses : de là, la vue vaut son petit pesant d’or.

Mon regard se pose sur l’église et son clocher pointu qui, depuis cet endroit, a l’air de veiller sur le village comme une maman sur ses enfants ou un professeur sur ses élèves. Mais je n’ai que quelques dizaines de secondes pour profiter du paysage. Derrière moi, je sens déjà les regards impatients qui, à leur tour, veulent voir ce que je vois.

Il faut dire que, si Český Krumlov parait pour nous comme un secret bien gardé, ce n’est malheureusement pas le cas. Cette petite ville médiévale, située dans la région de la Bohême du sud à seulement quelques dizaines de kilomètres des frontières allemande et autrichienne, est très connue en République tchèque et dans les pays alentours. Mais ce ne sont pas les seuls à avoir eu vent de ce joli trésor. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992, elle est même connue jusqu’en Asie, qui y envoie chaque jour des dizaines de touristes.

En ce vendredi de fin septembre, les rues principales sont encore inondées de visiteurs et les spots les plus connus pour les photos sont pris d’assaut. Après Prague, Český Krumlov serait-elle la ville la plus touristique de République tchèque ?

L’expérience me laisse pensive, mais il ne faut pas beaucoup de temps avant que le charme de Český Krumlov ne recommence à opérer.

Pendant nos quelques heures là-bas, j’aurai pris le temps de l’admirer sous tous ses angles, de ses petites maisons à son grand et haut château, de son cadre enchanteur à toutes les peintures qui ornent ses murs. Jusqu’à, moi aussi, finir par faire partie de ceux qui conseillent aux nouveaux arrivants à Prague et à tous ceux qui veulent l’entendre de visiter Český Krumlov.

 

En un coup d’œil

Que faire à Český Krumlov ?

    • Se perdre dans les rues du village
    • Partir à la chasse des points de vue sur son château et les toits colorés de ses maisons
    • Visiter le château (notez toutefois que les parties intérieures sont fermées du 1er novembre au 31 mars) et admirer le village depuis les nombreux points de vue qu’il offre
    • Monter au sommet de la tour du château
    • S’éloigner de la foule en allant faire un tour dans le parc du château
    • Pour les sportifs, sachez aussi qu’il est possible de faire du kayak ou du rafting sur la rivière

Combien de temps rester à Český Krumlov ?

Quelques heures sont suffisantes pour voir le village et son château.

Cependant, Český Krumlov est une destination très touristique. Si vous voulez avoir les rues pour vous tout seuls, pensez donc à rester une nuit pour profiter de la soirée et des premières heures du matin sans personne, d’autant plus si vous y allez en haute saison.

 

8 commentaires sur Český Krumlov, la Bohême des contes de fées

  1. Est-ce que dans “Český Krumlov” le ý a une nuance de prononciation avec le y non accentué de Karlovy Vary ? (en gros c’est quoi cet accent, d’où on met des accents sur les y ?! 😛 (ceci dit, les Polonais accentuent bien les L dont on aura tout vu ;D)).

    Coup de coeur pour le pont-viaduc du château ! Très mignon petit village mais je n’aurais jamais pu faire l’impasse sur la visite du château, j’adore les châteaux ! Je garde ce coin dans un coin de ma mémoire et sans nul doute j’irai un jour 🙂

    Sous certains aspects, l’architecture me fait un peu penser à ce que j’ai vu en Croatie.

    • Ouch, ta question est trop dure 😀 ! Malheureusement je ne parle pas tchèque donc je ne sais pas te répondre mais ça ne m’étonnerait pas que les deux “y” se prononcent différement. En tchèque il y a plein de sons que l’on n’a pas en français (et certains qui sont très difficiles à prononcer pour les francophones) et la façon de prononcer que j’ai écrit dans l’article est ce que l’on peut prononcer avec nos sons français, mais la vraie prononciation est peut-être légèrement différente (le genre de différence qu’un natif entendrait mais pas spécialement quelqu’un qui ne parle pas la langue !).
      Malheureusement on n’avait que quelques heures dans la ville et moi j’adore me promener dans les rues des endroits que je visite mais j’ai lu après notre passage que la visite du château vaut apparemment le détour ! Le jour où tu iras, tu pourras toujours venir me dire s’il faut que j’y retourne moi-même pour voir le château héhé :).

      • Il y a beaucoup de langues qui ont des sons que nous n’avons pas ou que nous ne distinguons pas (par exemple les deux “t” de “tarte” ne se prononcent pas pareil et les Chinois font la différence). En fait, nous n’avons pas beaucoup de sons en français !

        Je pense que je n’irai pas tout de suite car il faudrait déjà que je gagne des thunes pour payer le voyage ! 😛

        • C’est sûr, et c’est d’ailleurs l’une des choses qui rendent les langues si intéressantes je trouve :). Ah bon, même moi je ne remarque pas que les deux “t” de “tarte” se prononcent différemment ahah !
          Oh oui je ne m’attendais pas à ce que tu y ailles tout de suite, et puis de toute façon avec la situation actuelle ça devient dur de prévoir des voyages !

          • Le premier “t” est “normal” et le deuxième “t” est “soufflé”, tu expires de l’air plus fortement quand tu le prononces. Ça le fait aussi avec les p de “papa” qui sont différents du p de “nappe”. Je n’avais jamais remarqué avant de le lire !
            C’est clair que le confinement, ça n’aide pas !

          • Oh oui je m’en rends compte maintenant (après avoir dit “tarte” 10 fois ahah) ! C’est fou, je ne l’avais jamais remarqué avant !

  2. Wow je ne connaissais pas du tout, je trouve vraiment magnifique ces photos. ça donne envie de se perdre dans ces petites ruelles ! Du coup tu t’y rend comment ?

    • Contente de t’avoir fait découvrir ce petit trésor alors 🙂 ! Le plus courant je pense que c’est de s’y rendre depuis Prague. De Prague tu peux y aller en bus ou en train (ou en voiture évidemment) et le trajet dure un peu plus de 3h.