Il y a quelques jours, je suis tombée sur cet article de Kenza du blog Cups of English tea. Comme son titre l’indique, elle revient sur les directions que sa vie aurait pu prendre, dans d’autres circonstances ou si elle avait fait d’autres choix.

Nous avons tous des “et si” dans notre vie, et ça m’a fait penser aux miens. Alors, après Kenza, moi aussi j’ai eu envie de partager mes “et si”. Ces moments où j’ai pris une décision (ou m’en suis prise une dans la figure) qui m’a amenée sur un chemin en m’éloignant inévitablement d’un autre.

Ceux qui me connaissent savent que ma vie a bousculé avec mon séjour Erasmus, alors c’est de là que je partirai.

C’était fin janvier 2012, j’avais 22 ans et un copain depuis 6 ans, et je quittais ma petite Belgique pour vivre cinq mois d’une aventure qui me marquera à jamais. Je suis revenue en juillet, le cœur plus lourd que mes bagages. Il m’a fallu des mois pour me refaire à la Belgique, mais je ne m’y suis plus jamais sentie comme avant. J’étais partagée entre mon rêve de vivre en Espagne et mon refus irrémédiable de quitter mon copain, qui ne voulait pas partir. Il a pris la décision pour moi : il m’a quittée 6 mois après mon retour, mettant fin à 7 ans d’une première relation que je croyais éternelle.

Et si je n’avais pas découvert le monde, et s’il ne m’avait pas quittée ? Je serais probablement restée en Belgique, j’aurais moins voyagé. Je serais sûrement mariée et j’aurais peut-être même déjà un enfant, comme je le souhaitais ardemment à ce moment-là. C’est une vie qui semble tellement loin de mon nouveau monde et des mes envies actuelles. C’est drôle comme on change.

J’étais détruite. Il me restait un an et demi d’études, et je ne pensais qu’à une chose : quitter la Belgique dès mon diplôme en poche. Devant mon immense peine qui semblait alors invincible, ma maman m’a demandé pourquoi ne pas abandonner mes études et partir directement. Après tout, j’avais déjà deux diplômes et plus rien à prouver. Sauf que je ne voulais pas que le mot “abandonner” vienne se coller à mon parcours étudiant, alors je suis restée.

Et si j’étais partie ? Si j’avais tout quitté ? Je serais sûrement expatriée depuis un peu plus longtemps que maintenant, et je vivrais certainement sous le soleil espagnol qui était le seul à me faire de l’œil à l’époque. Mais je n’aurais jamais pu forger mes meilleurs souvenirs d’université.

Sept mois plus tard, en août 2013, je rejoignais l’équipe ESN de ma ville pour aider les étudiants Erasmus qui arrivent chaque année en nombre… Et je faisais de magnifiques rencontres, plongée tous les jours au milieu d’étudiants belges et internationaux. J’en garde des souvenirs incroyables. C’était ma dernière année d’université, et c’était la meilleure.

Bien vite, je tombais sous le charme d’un étudiant international et de son regard. Je n’étais pas amoureuse et me remettre en couple était une idée qui ne me frôlait même pas, de peur de me faire trembler. Il ne s’est jamais rien passé et ce coup de coeur ne sera jamais rien de plus qu’un souvenir qui me fera toujours un peu sourire. Mais pour la première fois j’ai compris que mon premier amour ne serait que le premier et non l’unique. Et croyez-moi, c’était un énorme soulagement.

Et si je n’avais pas rejoint cette équipe ? J’aurais sûrement trainé ma peine un peu plus longtemps avant de me rappeler à quel point la vie est belle, et je n’aurais pas connu le monde merveilleux des associations étudiantes !

Quelques mois plus tard, je partais en stage à Barcelone. Je débarquais dans un appartement avec deux français (sans faire exprès !) et un gars étrange. De cette expérience, j’en retire les meilleurs souvenirs de colocation. Vivre en Espagne de nouveau après mon Erasmus, c’était comme une renaissance.

Pendant ces quelques mois, j’ai créé le blog sur lequel je vous écris maintenant. Et j’ai été inspirée par les histoires d’expatriation de ma coloc qui avait vécu à plusieurs endroits avant Barcelone. Je suis ensuite rentrée en Belgique pour finir mes études et enfin chercher du travail à l’étranger. Et au lieu de postuler en Espagne où je rêve pourtant tellement de vivre, j’ai postulé partout.

Et si je n’avais pas rencontré ma coloc à Barcelone ? Je n’aurais sûrement pas décidé d’aller vivre ailleurs pour quelques années avant de déménager en Espagne, et j’y serais sûrement déjà maintenant. Eh oui, plusieurs chemins que je n’ai pas pris menaient en Espagne !

Octobre 2014, armée de mon diplôme, je me retrouvais à postuler “partout sauf en Belgique”, comme je me l’étais promis. C’est comme ça que j’ai postulé pour un job à Budapest, un peu sans espoir et surtout par hasard. En moins d’une semaine, la décision tombait : le job était à moi si je le désirais. J’étais au summum de l’excitation.

Et si je n’avais pas postulé à Budapest ? Et si le plus grand des hasards ne m’avait pas dirigé vers l’offre d’emploi ? Et si je n’avais pas été acceptée ? Je n’aurais pas vécu plusieurs mois incroyables dans une entreprise que j’aimais de tout mon cœur. Je sais que ma carrière ne fait que commencer mais ces mois-là étaient tellement magiques qu’ils sont vite devenus indescriptibles. Et puis, évidemment, parmi toutes les belles personnes que j’y ai rencontrées, je n’aurais pas rencontré mon copain. Et ça, ça vaut tout l’or du monde, non ?

Après 7 mois de folie pure à Budapest, le verdict tombait : l’entreprise fermait. On n’avait plus que quelque mois à vivre ensemble avant de devoir dire au revoir à tout le monde. Ma position était transférée à Prague, celles de la grande majorité de mes collègues allaient en Inde. C’était la dégringolade, j’avais le cœur réellement brisé. S’en sont suivis des mois d’incertitude, et un amour qui tombe en ruine pour une entreprise qui m’a amèrement déçue. J’ai décidé de suivre mon job à Prague et mon copain m’a suivie. Après des mois passés à essayer de recoller les morceaux sans succès, j’ai démissionné.

Et si mon entreprise n’avait pas fermé ses bureaux à Budapest ? Sans aucun doute, j’y serais toujours. Et je ferais tout pour y grandir et leur prouver à eux seuls ce que je vaux.

Aujourd’hui, mon copain et moi sommes toujours à Prague, et je me suis récemment lancée à mon compte. Mes prochains “et si” sont encore à venir.

*

La vie est faite d’un nombre infini de choix. Certains que l’on fait sans s’en rendre compte, d’autres que la vie met devant nous en nous les présentant comme notre unique option. Certains qui nous semblent faciles, d’autres sur lesquels on hésite pendant des jours, sur lesquels on bute pendant des mois. Certains qui nous brisent le cœur et d’autres qui nous font faire des bonds de joie. Des bons et des mauvais.

Si j’avais pris d’autres décisions à certains moments de ma vie, mon parcours aurait été bien différent. Ça ne veut pourtant pas dire que je ne serais pas heureuse. Mais ce n’est pas la question.

La question, c’est où je suis et comment je m’y sens. Et il s’avère que je suis très heureuse pour le moment. C’est pour cette raison-là que je ne regrette aucun de mes choix.

Mais si un jour je me rend compte que mon présent ne me rend pas heureuse, j’espère que j’aurai la force de prendre une décision qui me fera changer de direction. Et j’espère que vous le ferez aussi. Parce que …

“You are one decision away from a totally different life”

8 commentaires sur Et si ça s’était passé autrement ?

  1. Il est parfois difficile de prendre des décisions car il y a toujours un ou des choix que l’on doit laisser de côté, et on se demande toujours si avec le recul on aurait du faire plutôt ceci que cela. Je pense à ce qu’avait écrit l’écrivain tchèque Kundéra, il disait que la vie n’est pas comme un tube d’essai, on doit prendre des décisions sans avoir pu tester les autres. Mais ne trouves tu pas que tous ces choix forment au final un puzzle “logique” ? Tout simplement parce qu’ils suivent un fil rouge qui est ton intuition, tes envies, ton sens du libre arbitre et de la liberté, et rien que pour ça je trouve incroyable la chance que nous avons de pouvoir avoir le choix.Tant mieux en tout cas que tu soit heureuse maintenant 🙂

    • Je suis tout à fait d’accord avec toi ! Avoir le choix est une chance énorme, et quand je regarde en arrière comme je l’ai fait pour cet article, j’ai aussi l’impression que tous mes choix suivent une sorte de fil rouge. A chaque fois que je me trouve devant un choix difficile, j’essaie de faire confiance à mon instinct (ou à la vie tout simplement) parce que jusqu’à présent toutes les directions que j’ai prises m’ont fait vivre de belles aventures, même si j’ai dû parfois renoncer à certaines belles choses pour en vivre d’autres. Merci pour cette belle réflexion 🙂 ! Bisous !

  2. Et si… Eternel questionnement. Avec des “si” on refait le monde, alors je peux bien le croire que tout ce qui nous arrive nous mène quelque part… Je ne pense pas que notre vie est dessinée à l’avance. Je pense, au contraire, que nous écrivons chaque jour une page de notre vie.
    Tous mes voyages m’ont portée sur de nouvelles routes, les unes après les autres. C’est ce que j’aime beaucoup dans la vie 🙂 Une surprise infinie

    • “Avec des si, on mettrait Paris en bouteille”, comme on dit ahah :). Je ne sais pas trop ce que je crois en termes de destin. J’aime penser qu’on a le choix et que ce sont nos propres décisions qui nous mènent sur le chemin où l’on se trouve, mais je me demande parfois si certaines choses n’étaient pas “meant to be”, et puis je fais parfois confiance au destin quand je me trouve à un croisement. Evidemment dans tous les cas c’est moi qui fais un choix mais étais-je poussée à le faire parfois ? Je sais pas si j’arriverai un jour à trouver mon point de vue sur la question !
      Quoiqu’il en soit, je suis d’accord avec toi, mes voyages m’ont aussi portée sur de nouvelles routes et quand je vois où je suis maintenant par rapport à où j’étais il y a quelques années, je me dis que la vie est dingue. Merci pour ton commentaire Florence ! Bisous

  3. On ne peut pas tout controler, le principal dans ton histoire c´est que tu ne regrette rien. Peut être que tu serais marié et avec des enfants oui, mais tu as vécu tellement après. Peut être que tu aurais grandis dans l´entreprise, mais aujourd´hui tu me serais pas à ton compte. Je pense que parfois certaines portes se ferme parce que des choses plus importantes et meilleures nous attende 🙂

    • Exactement ! Il y a quelques années, quand les choses ne se passaient pas “comme prévu” j’avais parfois l’impression que tout s’écroulait. Mais maintenant, je pense comme toi : ça veut dire que quelque chose d’autre va se passer, quelque chose auquel je n’avais pas pensé avant mais qui pourra se transformer en une très belle aventure :). Bisous, passe un bon week-end !

  4. Comme je me retrouve dans ton article ! Quand je prends du recul sur ma vie d’aujourd’hui, je me dis que c’est le fruit du destin et de certaines décisions prises de mon côté aussi (rupture, voyage, etc. Un peu comme toi visiblement)… Et peu importe où ma vie m’emmènera dans quelques mois ou années, là maintenant, je me sens bien et suis plutôt fière de mon parcours. Et c’est bien la première fois de ma vie que j’arrive à penser au maintenant et pas au après 🙂

    • Hihi c’est drôle qu’on ait un parcours similaire ! Je suis contente de lire que tu aimes aussi ce que ta vie est devenue :). C’est très important d’être bien dans notre présent, et de ne pas continuellement penser à ce qu’était notre vie avant ou à ce qu’elle sera plus tard ! Bisous, et merci beaucoup pour ton commentaire !