???????????????????????????????

Je suis rentrée de mon Erasmus il y a deux ans, et depuis j’ai une certitude sur ce type d’expérience : on n’en rentre jamais intacts. On ne rentre jamais intacts d’un séjour où l’on fait de l’étranger notre maison, même si ce n’est que le temps de quelques mois.

Bien sûr, ne faisons pas de généralité : chaque personne est touchée différemment. Après mon Erasmus, j’ai pu voir que certains arrivaient à reprendre leur vie d’avant sans aucun souci. Comme si ces mois à l’étranger n’étaient qu’une belle parenthèse qu’ils ont pu directement refermer dès qu’ils ont mis le pied sur le tarmac de l’aéroport de leur pays d’origine ou dès qu’ils ont pris dans leurs bras leurs famille et amis qu’ils ont retrouvés là où ils les avaient laissés. Je pense sincèrement – ou peut-être j’espère vraiment – qu’il y a quand même une petite partie d’eux qui a changé parce que, de quelque manière et à quelque niveau que ce soit, c’est une expérience qui fait grandir.

Mais moi, je fais partie de ces personnes – et je sais qu’elles sont nombreuses – qui sont revenues complètement changées. Le plus dur pour moi, ça a été de retrouver ma place dans l’univers qui avait toujours été le mien. De revenir changée dans un monde qui était toujours le même. Où tout était pareil, où les habitudes d’avant étaient encore là, où mes potes étaient encore là et où rien n’avait changé. Sauf moi. À mon retour d’Erasmus, je ne pense pas être la seule à avoir eu parfois l’impression d’être une inconnue dans mon propre corps et un imposteur avec mes propres amis, que j’aimais pourtant toujours autant mais sûrement d’une autre manière.

Il m’a fallu énormément de temps pour me réhabituer à ma vie d’avant et je sais que ce n’est pas anormal. C’est juste que mon Erasmus m’avait complètement changée, il m’avait appris plus de choses et fait plus grandir que n’importe quel banc d’école et d’université.

Mon séjour à Barcelone, lui, ne m’a pas autant changée. C’est normal, la première expérience à l’étranger est sûrement toujours la plus forte. Mais il m’a quand même apporté de nouveaux apprentissages sur moi-même ainsi que sur la vision que j’ai de la vie et de ce j’aimerais faire de la mienne. Et grâce à lui je sais que chaque séjour à l’étranger nous enrichit. Du moins si on ne s’enferme pas sur nous-mêmes et si on lui laisse l’opportunité de nous faire découvrir de nouvelles choses.

???????????????????????????????

Aujourd’hui, ça fait déjà plus de trois mois que je suis rentrée. Le 12 juin vers midi, je me retrouvais avec mes deux énormes valises et un gros sac à l’épaule, sous un soleil de plomb, à attendre un taxi que je pourrais héler devant celui qui était devenu 5 minutes plus tôt mon ancien appartement. Ce même appartement devant lequel j’avais attendu 30 minutes sous ce même soleil de plomb trois mois et demi auparavant. La boucle était bouclée.

Depuis mon retour, j’ai été occupée pendant deux mois sur mon mémoire et mon rapport de stage, les dernières étapes avant le diplôme. Puis je suis partie en vacances et j’ai enfin doucement commencé d’autres projets. Maintenant, il est temps pour moi de retourner sur ce que Barcelone m’a apporté.

“Getting lost will help you find yourself”

Je suis allée en Espagne en partie pour fuir mes démons. Je croyais naïvement qu’une fois loin de ce qui fait de l’ombre à notre bonheur, on oublie tous nos problèmes en peu de temps. Je pensais vraiment qu’en fuyant, tout pouvait s’oublier. Barcelone m’a appris que j’avais tort.
Sans aucun doute, être en Espagne m’a rendu plus sereine que ce que je pouvais être en restant en Belgique. Mais ça n’a pas mis un terme à ma bataille. J’ai appris qu’il y a des démons qu’on ne chasse pas d’un coup de billet d’avion. Ceux-là, on ne peut pas les fuir en prenant de la distance avec l’endroit où on les a connus.
Et si je le dis ici, c’est que je pense que ça vaut pour beaucoup de personnes. Fuir est une solution facile mais elle n’est pas suffisante. Peu importe ce qu’on traverse et peu importe à quel point la lutte peut être épuisante par moments, qu’on soit dans notre “ici” ou dans un “ailleurs”, il y a toujours un moment où c’est seuls qu’on doit se battre contre ces monstres qui essaient de nous détruire. C’est comme dans les jeux vidéos, où après avoir battu tous les petits monstres avec l’aide de nos amis on se retrouve face à l’énorme démon. Vous savez, celui qui ne peut pas être tué en un seul coup d’épée mais qui peut nous achever en un coup de griffe. Ce dernier niveau qu’on doit passer pour finir le jeu, c’est nous-mêmes qui devons le réussir. Partir et mettre de la distance nous donne parfois de meilleures armes pour affaiblir le monstre, mais c’est à nous de savoir comment les manier.

???????????????????????????????

Barcelone, c’était aussi la première fois que je partais à l’étranger seule et sans connaître personne sur place. Pourtant, curieusement, ça m’a paru tout naturel. Depuis le jour où j’ai su que j’irais là-bas pendant quelques mois, je n’ai jamais eu peur de partir et j’ai toujours su que d’une manière ou d’une autre j’allais rencontrer des gens et j’allais bâtir des amitiés qui allaient y embellir mes journées (peu importe qu’elles durent le temps de mon séjour ou qu’elles résistent à la distance).
Tout ça peut paraître très normal pour vous, autant que ça l’est pour moi maintenant. Sauf que je suis née timide maladive. Sérieusement, je pense n’avoir jamais rencontré quelqu’un de plus timide que ce que j’étais. Et je devais avoir 5 ans quand j’ai décidé que ça ne pouvait plus durer. J’ai fait de nombreux efforts depuis cet âge-là et ceux qui me connaissent savent que le mot “timide” n’est définitivement plus un adjectif qui me caractérise ! Mais Barcelone était la première fois que je me retrouvais seule, loin de tous mes amis et sans personne à appeler pour passer du temps ensemble. C’était la dernière étape qu’il me fallait pour savoir que même loin de mon environnement habituel et de toutes mes marques, peu importe où j’irai, si j’y vais seule, je finirai accompagnée. Barcelone m’a prouvé qu’on ne naît pas quelqu’un, mais on le devient. Et on devient ce qu’on se donne les moyens d’être.

???????????????????????????????

Barcelone, enfin, m’a confirmé que je ne veux pas vivre en Belgique. J’ai maintenant les bonnes armes pour répondre à tous ces gens qui me disent depuis deux ans que mon Erasmus n’était qu’une étape trop spéciale dans ma vie que pour compter comme une expérience qui puisse réellement me donner envie d’aller vivre ailleurs. Je peux maintenant leur affirmer que mon avenir ne se trouve pas en Belgique. Je peux dire que je le sais, que j’en suis certaine et intimement convaincue : je serai heureuse en Espagne. Peu importe le temps que ça durera, pour l’instant mon bonheur se trouve quelque part dans le sud.
Ceci dit, je ne dis pas que c’est toujours facile. Quand je vois mes amis me demander si vraiment je veux partir, et me dire avec étonnement qu’ils voient que je n’ai pas encore abandonné l’idée, j’ai parfois envie de leur dire que tout n’est qu’une blague et que “bien sûr que je reste ici !”. Mais ce n’est pas une blague. Vivre à l’étranger est en fait mon seul projet fixe, ma seule envie et la seule certitude que j’ai quant à mon avenir.
Je pense que vivre dans un autre pays que le sien est une énorme richesse et une expérience que tout le monde devrait vivre au moins une fois dans sa vie. Mais j’avoue, parfois j’envie voire j’en veux aux personnes qui arrivent à être bien en Belgique et qui n’ont pas besoin d’aller vivre ailleurs. Parce qu’au final, partir c’est aussi laisser derrière soi toute la vie qu’on s’était imaginé pendant des années. C’est laisser ses amis et sa famille loin de soi et donner moins de possibilités aux relations importantes de nos vies d’évoluer et de garder leur valeur. C’est donner moins de chances à toutes ces personnes de se voir et donner une chance à la distance de tout détruire. C’est laisser quelque part en soi une place pour le manque et la nostalgie. C’est prendre le risque de perdre des gens qui font notre monde.
Pour tout ça, oui, parfois j’ai peur. Parfois je suis même en colère contre moi-même, de ne plus pouvoir être complètement heureuse dans un monde qui est le mien et d’avoir constamment envie d’aller voir ailleurs. Mais ça, c’est juste parfois. Et rien au monde ne pourra m’écarter de la route que j’ai décidé de prendre. Parce que presque tout le temps, c’est avec excitation que je pense à tout ce qui m’attends loin de ce pays où j’ai grandi !

???????????????????????????????

Sur ce, avant d’aller imprimer mes billets d’avion pour mes vacances à Naples et Barcelone où mes amis internationaux m’attendent dès demain, je vous laisse avec quelques photos de Barcelone que je n’ai jamais publiées. Deux endroits à Barcelone que vous devez voir si vous y allez : la fontaine magique de Montjuïc (les photos précédentes ont été prises au même endroit… Mais la fontaine ne fonctionne que certains soirs) et le parc Tibidabo.

La fontaine magique de Montjuïc

Pour la petite histoire, cette fontaine a été inaugurée en 1929 pour l’Exposition universelle de Barcelone. Elle se situe juste devant le MNAC (Museu Nacional d’Art de Catalunya), ce bâtiment qui ressemble plus à un château qu’à un musée. Vous pouvez y accéder via la Plaça Espanya : suivez le chemin entre les deux tours vénitiennes et vous ne pourrez pas la rater, elle est au bout de l’allée ! En journée, la fontaine n’est pas la chose la plus exceptionnelle du lieu. Mais les soirs de week-end, elle se transforme en un magnifique spectacle de jets d’eau colorés qui dansent au rythme de la musique pendant une demi-heure. Pas besoin de payer pour y assister, mais avant d’y aller je vous conseille de consulter les horaires de la fontaine magique.

???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????        ???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????    ???????????????????????????????

Le parc Tibidabo

C’est un parc d’attractions mais vous devez payer seulement si vous voulez monter dans les attractions. Bref, que vous soyez amateurs de sensations fortes ou pas du tout, l’entrée gratuite est une excellente raison d’y aller simplement pour se promener et profiter de l’époustouflante vue que le parc offre sur Barcelone !

Ouvert en 1901, le parc Tibidabo est l’un des plus vieux du monde. Mais les plus vieilles attractions côtoient les plus modernes dans un beau mélange coloré typique aux parcs d’attractions. Destiné aussi bien aux enfants qu’aux adultes, y aller peut aussi être une attraction en soi ! Situé sur le sommet de la montagne Tibidabo, une de celles qui surplombent Barcelone, vous pouvez décider d’y aller avec le Tramvía Blau, un tramway aussi vieux que le parc et qui vous fera monter les rues des quartiers hauts de la ville, suivi du funiculaire duquel vous aurez accès à une superbe vue au fur et à mesure de la montée. Mais pour plus d’info sur les moyens d’y aller et les horaires d’ouverture, le mieux c’est d’aller voir directement sur le site internet du parc.

???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????  ???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????

 ??????????????????????????????????????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????     ???????????????????????????????

???????????????????????????????

???????????????????????????????

Pour l’expérience que j’ai vécue dans cette ville et pour tous les souvenirs que j’ai laissé dans chaque endroit où j’ai été, j’ai laissé un bout de mon cœur à Barcelone. Tout comme j’en avais laissé un à Salamanca. Je pense que j’en laisserai dans chaque endroit où je vivrai pendant un certain temps.

Je sais que je retournerai souvent à Barcelone et chaque fois j’aurai le même sentiment : celui de me sentir un peu plus complète avec la partie de mon cœur que j’y retrouve. Ce même sentiment que je ressens chaque fois que je retourne à Salamanca.

Comments are closed.